Quand j’ai lancé La Petite Trotteuse il y a un peu plus d’un an, j’avais en tête quelques montres qui me faisaient rêver. J’en ai eu quelques unes en main qui m’ont à vrai dire un peu déçu, et d’autres attendent encore sur ma liste d’envies.
Et puis j’ai eu la chance de pouvoir tester une montre qui m’avait littéralement scotché par son design. Jusque là, je pensais que ce modèle n’était pas pour moi, puisque son prix dépasse légèrement mes habitudes.
Puis j’ai pris contact avec la marque, qui m’a prêté un modèle pour réaliser ce test. J’ai eu vraiment peur d’être déçu, mais il n’en est rien, je suis littéralement ravi !
Alors que certains rêvent de montres à 15000€, je me focalise plutôt sur des modèles accessibles, qui ont le gros avantage d’être proposés à des prix qui permettent de craquer sans craquer son PEL (encore faut il en avoir un).
La CJR Airspeed en fait partie intégrante, puisqu’à 550$ (510€) elle représente un objet très design, et très réussi.
Je vous propose de découvrir cette montre dans ce tout nouveau test, qui m’a demandé quelques semaines d’écriture, pour pouvoir vous proposer un avis très complet.
La marque
Le nom CJR est issu de la contraction de Calvin Junior, le designer de la montre.
Calvin est un grand passionné d’horlogerie, depuis tout petit. Il chérit sa montre “historique” offerte par son grand père depuis sa tendre enfance.
Il a grandi dans une famille d’horlogers à Hong Kong et a toujours entendu parler d’assemblage de mouvements et de formes de boitier pendant les diners en famille.
Pour Calvin, qui a étudié l’ingénierie aérospatiale, la fabrication de montre est symbole d’ambition et de tradition familiale. Il oeuvre donc avec ses montres pour perdurer cette tradition, mais en ajoutant une grande partie d’innovation, que l’on croise vraiment peu…
C’est en Juin 2016 que le modèle Airspeed a vu le jour, suite à une campagne Kickstarter financée à plus de 5 fois le montant recherché. CJR est donc une micro-marque qui crée des montres originales, décalées, et surtout mécaniques.
Les 3 modèles que la marque a annoncé (deux en vente, un qui arrive bientôt sur Kickstarter) sont effectivement mécaniques, à remontage automatique.
La montre
Cette montre n’en est pas une parmi tant d’autres, cette CJR Airspeed est un véritable coup de coeur.
Quand j’ai lancé La Petite Trotteuse, c’était surtout parce que j’avais quelques modèles en tête qui me faisaient complètement rêver. Cette Airspeed m’attire particulièrement de par son design, son aspect rétro-moderne, et sa touche d’élégance.
La Airspeed puise son inspiration dans le monde aéronautique, surtout en terme de design. En effet, on est loin de l’aspect très robuste des montres typées militaires. On est ici plutôt sur une montre élégante, aux détails travaillés et au look vraiment unique.
Le savant mélange de reflets de lumière, de transparence et le choix de couleur la rend vraiment pas comme les autres, et surtout loin d’être banale.
Elle est alimentée par un mouvement automatique de chez Miyota, le calibre 8219 qui est capable d’afficher l’heure en format 24h à 9h, la date à 3h, et la seconde entre 4 et 5h. Cette montre est d’ailleurs vendue comme une “inspiration régulateur”.
Une montre à régulateur a une particularité : l’aiguille des secondes et l’aiguille des heures n’est pas sur le même pivot. L’aiguille des minutes est en général affichée sur la plus grande surface du cadran, et les heures sur un petit sous-cadran. De nombreuses montres utilisent ce type d’affichage, et sont en général vendues à des prix bien supérieurs au maximum de La Petite Trotteuse. C’est pour cela que cette montre est une “Aviation-inspired regulator”.
Vendue à 550$ soit environ 510€, c’est une montre plutôt haut de gamme, et elle a de bons arguments pour justifier son prix. Est-ce suffisant ? La réponse dans ce test !
Le boitier
Sur beaucoup de montres le boitier est “classique” et en général il ne m’apporte pas tant de matière à dire que ça. Sur cette montre, le boitier est tout sauf ordinaire.
Si on le regarde dans sa globalité, il est circulaire, avec des cornes d’attache du bracelet déportées. Quand on regarde de plus près, on remarque un travail certain, à tous les niveaux.
La forme circulaire du boitier cache un ensemble de jeu sur les matières intéressant. Son immense verre en hesalite recouvre toute la face avant de le montre. Le cerclage métallique permet de maintenir ce verre et celui de l’arrière, ce qui crée une sorte de profondeur sur les côtés du boitier.
Ses dimensions sont importantes, avec 43mm de diamètre et ses 14.8mm d’épaisseur, mais se font vite oublier grâce à la forme très arrondie de l’ensemble. La “faible” largeur du bracelet pour ces proportions permet d’accentuer encore la grande taille du boitier.
Son étanchéité est plutôt faible avec seulement 3ATM, mais ce n’est pas forcément un critère important pour choisir ce genre de tocante.
La couronne de réglage parfaitement lisse est plutôt facile à utiliser, surement grâce à sa taille relativement importante. On aurait aimé un design un peu plus travaillé, mais elle représente bien le style vintage.
Le cadran
Sur toutes les montres, le cadran est une composante très importante, surtout en terme de design, mais aussi au niveau de la lisibilité, et donc du confort.
Sur ma version “Vintage Sport” le fond est couleur crème, une teinte un poil trop jaune peut-être, mais du coup très vintage. Les petites graduations noires contrastent bien avec le fond et permettent une excellente lisibilité.
La grande aiguille rouge permet de lire les minutes précisément puisqu’elle touche presque le contour du cadran. Les indexes pour les minutes sont peu nombreux (toutes les 5 minutes) et sont toutes les minutes entre 0 et 15 minutes.
La lecture de l’heure se fait sur le cadran à 9h qui est décoré de toutes les graduations nécessaires. Le petit triangle typique des montres typées aviation est aussi présent, à 12h.
Le cadran placé à 4h30 permet de lire les secondes. Il est conçu pour ressembler à un indicateur de réserve de marche, typique de certaines montres automatiques haut de gamme. Deux petites vis sont juxtaposées en haut et en bas, et ajoutent un peu de matériel à l’ensemble.
Le logo CJR est placé à 1h, et un petit “automatic” est écrit à 7h.
Le choix des couleurs est excellent, et permet de lire l’heure très rapidement, et sans jamais se tromper. Il faut prendre l’habitude de lire l’heure et la minute sur deux zones différentes, mais on s’y fait très vite. J’en viens même à ne regarder que les minutes, puisqu’en général je sais quelle heure il est 🙂
Le bracelet
CJR a choisi de n’utiliser que des bracelets en cuir et en nylon pour son modèle Airspeed.
Sur ma version Vintage Sport, le bracelet est marron foncé, en cuir véritable, pleine fleur, et d’excellente qualité. Son aspect est très réussi, son look est résolument vintage.
Le toucher du cuir est doux et un peu rugueux, et est très intéressant pour ce genre de montre. Je pense qu’il va se patiner avec le temps, ce qui ajoutera encore un peu de “rétro” à la montre.
Les trois petites surpiqures de fil au niveau de l’attache sont bien vues, elles permettent de couper un peu l’aspect lisse de l’ensemble, et s’inscrivent bien dans la tendance actuelle.
La marque a utilisé des pompes Speedfix, qui permettent d’attacher ou de détacher le bracelet rapidement. On retrouve en général ce genre d’attache sur les montres livrées avec un second bracelet, ce qui n’est pas le cas ici. Peu importe, on pourra changer rapidement, ce qui est déjà bien !
Le dessous du bracelet est aussi en cuir, mais lisse cette fois. Il n’est pas forcément très joli, mais peu importe, c’est l’arrière après tout !
Le mouvement
CJR a fait le choix d’une valeur sûre, droit venue de chez Miyota, le calibre 8219.
Ce mouvement mécanique à remontage automatique a l’avantage d’être peu couteux et efficace. Avec sa réserve de marche de 42 heures, il assurera une bonne tenue de l’heure (±20 secondes/jour).
Il est doté de 21 rubis, affiche l’heure, la minute et la seconde sur 3 pivots différents. On trouvera aussi un petit dateur, simple mais efficace.
Le remontage du mouvement peut se faire avec les mouvements du poignet mais aussi avec la couronne de réglage qu’il faudra tourner 40 fois pour avoir un remontage à 100%.
Ce mouvement est visible à l’arrière et il n’est malheureusement pas décoré ou retravaillé. A ce prix, ça aurait été assez intéressant.
Le packaging
CJR a misé sur un packaging simple mais efficace, comme beaucoup de marques.
La montre est livrée dans une boite en carton épais très rigide, de couleur naturelle. Il est fermé par une petite pastille aimantée, qui est suffisamment puissante pour éviter de l’ouvrir par erreur.
Dès l’ouverture on trouve la montre placée sur un petit support, sur lequel elle est fermement attachée. Deux petits élastiques bien tendus la maintiennent. Sous cette partie on trouve la carte de garantie, et un petit papier avec les instructions de base pour bien utiliser la Airspeed.
Petit plus intéressant, la montre est livrée avec un chiffon microfibre de superbe qualité, aux couleurs de la boite et décoré du logo CJR.
A ce prix, j’aurai aimé un packaging un peu plus travaillé, avec des matériaux plus nobles, et pourquoi pas un vrai intérêt. Un watch roll par exemple, aurait été très appréciable. Ou un petit étui comme celui de la William L. 1985…
[simple_tooltip content=’Un point de vue éloigné du miens, pour apporter un nouveau regard féminin’]L’avis féminin, par Stéphanie[/simple_tooltip]
Cette montre a des détails intéressants, mais ne me plaît pas particulièrement.
Son boitier est bien trop gros pour un poignet féminin, aussi bien en largeur qu’en épaisseur, mais aussi au niveau du poids.
La couleur du cadran est trop jaune pour moi, je trouve que ça lui procure un effet vieux, un peu trop à mon goût. Cependant, une fois qu’on regarde dans l’ensemble, l’harmonie est plutôt bonne.
Au poignet de Vivien elle rend très bien.
Aussi, elle est peut être trop originale pour moi, surtout au niveau du cadran, et de la forme du boitier. Le fait qu’il soit entièrement en verre m’inquiète un peu, j’aurais peur de l’abimer en la portant.
L’emplacement des aiguilles est original mais me gêne un peu, je pense que j’aurais besoin de temps pour réussir à lire l’heure aussi vite que sur mon cadran plus traditionnel.
Toutefois, je trouve le bracelet très réussi, sa couleur est fort foncée et le cuir est de très bonne qualité et il est très doux. Le dessous a un revêtement verni bien pensé qui, je pense, permet d’avoir un bon confort, et de ne pas abîmer le cuir brut de la partie du dessus.
Conclusion
Cette CJR Airspeed était un coup de coeur pour moi avant de l’avoir, et l’est toujours maintenant que je la porte. Elle est très belle, confortable, et les matériaux de grande qualité justifient (un peu) son prix de 550$.
Le bracelet est d’excellente qualité, le choix des couleurs de l’ensemble est vraiment réussi, et au poignet c’est un vrai plaisir. La qualité de fabrication est impressionnante, et les ajustements sont parfaits.
Je regrette toutefois que le packaging ne soit pas un peu plus haut de gamme, la montre aurait mérité un peu plus qu’une simple boîte en carton et un chiffon microfibre.
Son design est exclusivement réservé aux hommes, elle est bien trop imposante et volumineuse pour un poignet féminin.
Son prix est peut-être un peu élevé, surtout pour un mécanisme Miyota. Je pense qu’à maximum 400€ elle aurait été plus intéressante, et aurait touché un public plus large. Personnellement, bien que j’en sois totalement fan, j’aurais eu du mal à franchir le pas de l’achat.
Cependant, si vous l’appréciez et que vous avez le budget, foncez. Vous ne serez pas déçu !
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Les plus | Les moins |
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BOITIER | CADRAN |
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Taille : 43mm. Epaisseur : 14.8mm. Matière : hésalite, acier. Verre : hésalite bombé . Etanchéité : 3ATM. |
Couleur du cadran : crème clair, rouge. Affichage : analogique. Complication : date, imitation régulateur |
BRACELET | MOUVEMENT |
Matière du bracelet : Cuir véritable. Largeur du bracelet : 20mm. Type : boucle ardillon. Couleur du bracelet : marron foncé. |
Type de mouvement : mécanique automatique. Marque : Miyota 8219. [simple_tooltip content=’Si la montre ne fait aucun bruit audible, elle passe le test !’]Test du chevet : OK[/simple_tooltip] |
Elle est vraiment très belle, et son originalité ne prend pas le dessus, ce qui est une très bonne chose.
Après même si son mouvement est un Miyota, il est pas mal rare, d’ou peut être son coût qui se répercute sur le prix de la montre.
Superbe !
Je suis un fan des régulateurs ainsi que des montres philosophales telles les Meistersinger (http://www.meistersinger.com/), trop chères mais si belles.
Les régulateurs sont en général chers, on évitera les Jaquet Droz ou les Lange, voire le superbe Alpina avalanche régulateur full black et celui ci pour son prix est vraiment beau et typique. Il est maintenant dans ma short list.
Une seule note négative à mon gout : la date sur fond blanc. Comme sur beaucoup de montres hélas, ça gâche un peu le tout.
D.
Intéressant, elle me fait penser de par la forme du boitier (et malgré l’aspect vintage) à une montre totalement fascinante et inaccessible, la Ressence TYPE 3 dont le cadran est dans un bain d’huile…
Belle découverte, j’aime beaucoup. Elle me fait penser (malgré son look vintage) à la Ressence type 3, montre fascinante et inaccessible dont le cadran est emprisonné dans un bain d’huile…